L’image que nous avions de Singapour était à mi chemin entre une fumerie d’opium et un port de contrebande faisant penser à Hong Kong ou Macao, survivantes cités des époques coloniales où le monde se visitait par l’intermédiaire des comptoirs. Nous avons découvert une métropole neuve dotée de voies de circulations larges, de chemins piétons souvent couverts (il pleut beaucoup à Singapour), enfin de transports en communs variés, confortables et efficaces.
Singapour est une Ville-Etat qui s’est donnée des objectifs ambitieux. Outre l’éducation, l’omniprésence des espaces verts, y compris dans les étages des constructions, en font une cité-jardin extraordinaire. Son jardin botanique est en tout point remarquable, avec, en particulier, un espace dédié aux orchidées à ne pas rater! Singapour est devenu une référence en matière d’intégration du végétal dans l’urbanisme et l’architecture.
Mais elle n’échappe pas aux lois du marché et du capitalisme. Les plus grands bâtiments sont ornés de logos des banques et compagnies d’assurances et répondent au plus parfait modèle international de l’architecture d’affaires: des tours en verre! Ce qui n’a pas grand chose de « vert »! Néanmoins, les nouvelles réalisations tendent à rejoindre le concept d’architecture végétale avec notamment l’hôtel Asian.
La société singapourienne, pourtant très variée ethniquement et culturellement, reste très fermée avec une « préférence nationale » très marquée. Ainsi, il n’a pas été possible de visiter une école car les procédures de demandes étaient longues, mais surtout, de l’avis de tous nos contacts, notre initiative privée et non soutenue par une institution à caractère officiel était vouée à l’échec.
De surcroît, par un hasard qui nous a poursuivi, les congés scolaires ont débuté précisément au moment de notre arrivée.
C’est donc vers le Lycée Français de Singapour que nous nous sommes tournés. Les voyages de Madame Clotilde commencent à ressembler à une tournée des établissements scolaires français à l’étranger. Nous en tirerons les enseignements plus tard.
C’est sans bruit que s’est créé cet état « particulier ». Ancien comptoir britannique et très important port d’exportation, l’économie est la raison d’être de Singapour. Nous devons nous y rendre en Novembre.
Le système scolaire, très basé sur la recherche de l’excellence, et le recours au cours particuliers privés, est surtout connu pour ses résultats en mathématiques.
Madame Clotilde a particulièrement souhaité s’y rendre car la réputation de la « méthode Singapour » est remarquable et méritait le détour sinon le voyage.
L’intelligence de ses habitants étant considérée comme la seule ressource naturelle de Singapour, c’est la raison principale qui a fait de ce petit pays un champion de l’éducation.
Le rythme scolaire à Singapour varie selon les écoles. Il est curieux de constater que le lycée français ne suit pas le rythme scolaire du reste de Singapour, en restant fidèle au rythme des 7 semaines là où les singapouriens optent pour les deux mois. Un certain décalage donc. Juin est un mois de congé et de Novembre à janvier aussi. L’année scolaire débute en janvier. Normal: Singapour est dans l’hémisphère sud.
Après 140 ans de gouvernement colonial britannique, Singapour a hérité d’un ensemble hétéroclite d’établissements fonctionnant dans quatre langues différentes : l’anglais, le chinois, le malais et le tamoul.
La scolarisation était ni universelle ni commune en terme de programmes. En 1965, l’indépendance a conduit à définir deux objectifs éducatifs fondamentaux dans la nouvelle nation : favoriser la croissance économique nationale et encourager la cohésion sociale au sein d’une population multi-ethnique et multi-religieuse. Le nombre d’écoles privées a rapidement été réduit afin de permettre un contrôle centralisé de la définition de la politique éducative, de la régulation et du financement. Afin d’encourager la croissance économique, l’accent a été mis sur les compétences en anglais, en mathématiques et en sciences. Dans le même temps, un ensemble de rituels quotidiens a été mis en place dans les écoles afin de promouvoir la cohésion sociale et l’identité nationale. Ces rituels comprennent la récitation du serment d’allégeance, la levée du drapeau et le chant de l’hymne national.
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L’un des préceptes de base de la « méthode de Singapour » est de ne pas passer au niveau supérieur tant que le niveau en cours n’est pas parfaitement acquis. Par ailleurs le niveau requis pour les enseignants est élevé. Ils sont formés à l’Institut national d’éducation durant 4 ans. Les candidats doivent être dans les 30 % meilleurs de leur classe d’âge. Ils sont fonctionnaires.
Toutefois, compte tenu de l’importance donné par les parents et le Gouvernement à l’éducation, et de part le système qui impose une apprentissage complet pour passer en classe supérieure, il existe de nombreuses écoles de soutien scolaire, où les enseignants peuvent revoir des compléments de rémunération non négligeables. Tant est si bien que nombre d’entre eux franchissent le pas et s’investissent en totalité dans ces établissements de soutien pour des rémunérations parfois très élevées notamment dans le secondaire.